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Espace public républicain - Champeaux, architecte

Derniers commentaires
25 juillet 2006

Nécessaire densité urbaine

Bonjour !

a : A quoi penses-tu quand je te dis « densité » ?
s : Tours, concentration, béton, bétonnage, habitat oppressant, absence de choix, populations victimes...
a : Pourquoi pas rubans de petites maisons, habitat individuel compact ? Mais la densité c’est aussi des espaces libres (des places, des espaces verts), la proximité des commerces, l’indépendance vis-à-vis de l’automobile... ?
Si tu devais choisir entre un pavillon et un logement en immeuble, où voudrais-tu habiter ? et si tu avais le choix entre une vieille maison délabrée et petite et un vaste appartement dans un immeuble de standing avec vue majestueuse à partir d’un balcon spacieux ou du toit terrasse ? si tu avais le choix entre un immeuble de standing et un château en bord de mer ?
s : ... C’est vrai que l’on pose toujours les questions de façon à ce qu’elles induisent la réponse.
Tout compte fait, j’aimerais bien habiter dans un immeuble de standing en plein centre-ville : j’aurais les commerces, les services et les écoles sous la main, des voisins avec un statut social respectable, je ferais des économies en transport... Ce n’est peut-être pas si mal d’habiter dans un immeuble...
a : En revanche, tu n’aurais pas de jardin. Mais juste à côté de chez toi, la commune a aménagé un beau parc avec des jeux pour les enfants de l’immeuble... et pour tous ceux du quartier : c’est l’addition de tous les jardins que les habitants de l’immeuble n’ont pas. Cet espace, c’est un cadeau que tu donnes à tes voisins qui habitent en maison.
s : Ainsi les immeubles sont indispensables à la ville et à tous ses habitants. Mais je n’irais pas habiter dans une zone de barres et de tours avec ses logements HLM. Je n’ai rien contre les personnes en difficulté, mais je préfère quand même que mes enfants soient amis avec ceux de mon immeuble de standing.
a : Mets de côté tes préjugés. La vie dans les familles aisées n’est pas toujours idyllique. Elles ont aussi leurs lots de personnes violentes, alcooliques, qui parlent fort...
Pour préserver au maximum l’intimité des personnes dans leur logement, il faut choisir d’investir dans les systèmes d’isolation phonique et thermique... quitte à faire l’économie sur l’extérieur. Trop souvent, les promoteurs diminuent les surfaces des logements et leur confort et misent tout sur les façades. Mais c’est le logement, l’espace de vie qui doit avoir la priorité en terme d’investissement.
s : Une façade très simple peut devenir belle grâce au bassin d’eau qui la longe, à la pelouse qui la met en valeur, ou aux arbres qui essaient de rivaliser de hauteur...
C’est de l’urbanisme, pas de l’architecture. C’est fini le temps où l’on pensait un bâtiment de manière isolée. Un immeuble, une maison s’installent dans un site, ils ne sont pas seuls à dessiner le paysage.
a : En parlant de paysage, les immeubles permettent parfois même mieux que des maisons d’avoir des percées visuelles. Plutôt que d’avoir un îlot oppressant qui crée un sentiment de concentration, l’espace est aéré et permet de s’évader.
s : La ville, c’est le mélange, la diversité. Nous ne voulons pas dire que l’immeuble est mieux que la maison individuelle, il faut de tout. L’immeuble permet d’économiser de l’espace, de répondre aux attentes de certaines personnes (retraités, personnes sans enfants...), de limiter les déplacements en automobile, d’avoir une plus grande mobilité (on hésite moins à quitter un appartement qu’une maison). Mais la ville doit aussi offrir aux habitants qui le souhaitent la possibilité d’habiter en maison. Il y plusieurs types d’habitats individuels : il n’y a pas que le pavillon, cher et dévoreur d’espace. Il y a aussi les maisons de villes accolées qui retrouvent leurs galons depuis que le développement durable est devenu une préoccupation partagée par la majorité des aménageurs.
a : Ce qui est le plus important, c’est que l’habitant ait le choix des endroits où il habite. C’est la seule manière d’atteindre la mixité sociale et d’éviter le sentiment d’exclusion et de frustration des couches sociales les plus défavorisées. Aujourd’hui il existe des maisons et des logements tout confort en immeuble qui sont accessibles aux petites bourses.
s : L’urbanisme et l’architecture doivent continuer à innover et à oser proposer de nouveaux modèles d’habitat pour sortir du fantasme du pavillon et préserver nos espaces publics.

Voilà, à bientôt. Et n'hésitez pas à écrire vos commentaires.

Pour ceux qui trouvent que notre livre n'est pas inintéressant (petite dédicace personnelle), voici une dernière petite réflexion qui a pour titre "Nécessaire densité urbaine" et qui s'intègre dans la première partie du livre.

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24 juillet 2006

"Au coeur des villes"

J’ai lu pas mal de livres mais celui-ci mérite vraiment toute votre attention : il parle d’urbanisme et de l’image des villes, mais il vous donne surtout l’impression de voyager à travers les villes de toute la France. Pas mal, pour passer pour un grand voyageur !
C’est un essai qui est tellement agréable à lire qu’on dirait un roman. Il aura toute sa place dans votre sac de plage. Sous un aspect un peu sociologique, il présente les différentes fonctions et images des centres de nos villes, reflets d’une nouvelle urbanité.

Extrait de la présentation du libraire Decitre :

« Que faire face aux villes-dortoir, déshumanisées et déréglées ? Face aux tours en ruines, aux terrains vagues rackettés et aux déserts de béton ? Cesser de combler les fissures apparentes des banlieues, et agir désormais au coeur des villes, dans cet espace commun, qui doit assumer les échanges et symboliser une identité. Jean-Louis André, normalien, est journaliste. Il a notamment publié, en collaboration avec Ricardo Bofill, Espaces d'une vie. »

au_coeur_des_villes_2

éditions Odile Jacob

21 juillet 2006

suite et fin du livre

Si la première partie de notre livre vous a laissé en haleine, vous allez être rassasié :

DEUXIEME PARTIE : CREATION D'UN ESPACE REPUBLICAIN

Liberté, Egalité, Fraternité place Saint Melaine

a : Ce serait bien de faire un espace républicain en hommage au citoyen : l’égalité, c’est mettre tous les hommes au même niveau, c’est créer un espace qui réponde à tous les besoins et à toutes les attentes. Dans notre démocratie, ils sont les acteurs de la vie publique.
La liberté, c’est se mesurer à quelqu’un : un tyran qui n’a pas d’opposition n’a pas de liberté. Il est libre justement parce qu’il a des sujets qui pèsent sur sa liberté de décision. Sans limite, sans vis-à-vis qui s’oppose à lui, l’homme n’a rien à dépasser ou à transgresser et n’est pas libre. C’est parce que les pelouses du parc sont belles et soignées, que le passant exprimera sa liberté en les foulant.
Et la fraternité, c’est la solidarité entre les gens, échanger, partager. Nous sommes tous sur un pied d’égalité, il faut donc s’entraider, communiquer, discuter.
s : Imaginons donc comment ces idées pourraient se traduire dans l’espace Saint Melaine :
Liberté : pourquoi ne pas créer un parc sans chemin ? Comme cela, le promeneur décidera d’aller où bon lui semble (couper par la pelouse, prendre ou éviter les chemins déjà tracés par l’architecte, contourner un obstacle ou le franchir…) Au fil des passages, des sentiers se dessineront d’eux-mêmes dans le parc, traces qui auront été voulues par les cantepiens, non par l’architecte.
Créer un jardin libre, c’est laisser au temps le soin de dessiner le jardin, c’est l’opposé du jardin prédéfini et immuable, de l’idée géniale qui a été publiée...
... N’oublions pas le mobilier urbain. Dans ce parc, j’aurais envie de pouvoir m’asseoir sur un banc et d’avoir mon voisin en face de moi pour pouvoir lui parler. Je voudrais aussi pouvoir m’asseoir et regarder dans toutes les directions, à 360°, sans être contrainte de regarder un paysage qui ne me plaît pas.  Comme je suis libre, debout sur ce qui est peut-être un siège, je peux héler mon ami de loin, où assurer mon petit spectacle quotidien.
a : Concernant, l’égalité, on l’a dit, tous les hommes sont acteurs de la vie de la Cité. La place sera une scène pour les cantepiens. Une scène qui est à la fois une estrade et une esplanade, suffisamment dépouillée pour que ce qui s’y passe soit vu de loin et mis en valeur. On la traverse, on harangue la foule, on prend position, on s’exprime sur la vie locale, on interpelle son voisin… On y est à la fois anonyme, libre, et vu par tous. Le regard de l’autre peut paralyser, pousser dans ses retranchements, être recherché...
Elle est entourée de gradins sur lesquels le promeneur s’installera et assistera au spectacle de la rue. Une ville qui se regarde avec plaisir, c’est pas mal...
La scène prend la forme du cercle qui place tout le monde à égale distance du centre. C’est l’exemple de la piste de cirque ou du cercle initiatique qui rassemble la tribu. Le cirque... tout un souvenir d’enfance... une imagination sans limite... je vois bien le maire en clown blanc...
s : Et parce que notre place est un cercle et qu’il s’agit d’une place républicaine, elle pourrait prendre les couleurs de la cocarde : bleu, blanc, rouge ! Quoi de mieux qu’un symbole accepté et reconnu par tous pour rassembler les habitants de Chantepie ? Le cercle central pourra être un bassin en mosaïque bleue qui réfléchit la lumière, entouré d’un cercle blanc, neutre, mat et d’un contour de couleur rouge, qui brille. C’est la fête !
a : Oui. Mais n’oublions pas que l’espace public est aussi un espace révolutionnaire : c’est le lieu des revendications, de l’expression des opinions politiques (la cage aux lions du cirque)... Il faut donc chercher du côté de la Révolution pour habiller notre place. A cette époque, les révolutionnaires se promenaient avec les têtes de leurs opposants au bout d’une lance.
s : C’est peut-être un peu violent comme mobilier urbain... Mais admettons. Couper symboliquement la tête au racisme et à l’intolérance en exposant celle des opposants historiques et internationaux à la démocratie et aux droits de l’homme, comme Hitler, Pinochet, un membre du Ku Klux Klan...
a : En face, on mettrait les personnes qui ont défendus la liberté et l’égalité entre les hommes : Martin Luther King, Gandhi...
De républicaine, notre place devient révolutionnaire et n’a pas peur de l’afficher... la Révolution si chère à notre Constitution.
s : Quand est-il de la fraternité ?
a : La fraternité appelle l’action, renvoie aux notions de partage, respect, échange, responsabilité, solidarité. Elle implique aussi qu’il faille faire confiance à l’habitant, comme la démocratie fait confiance au sens civique de chaque femme et de chaque homme. La fraternité demande la participation du citoyen à la vie publique.
Sur le modèle d’une expérience réussie à Metz, nous pouvons installer au cœur du parc une bibliothèque qui serait en libre accès et approvisionnée par les habitants eux-mêmes : ils apporteraient un livre pour le faire découvrir à d’autres et en échange, ils auraient le plaisir d’en consulter un autre ou de repartir. Pratiquer le troc comme mise à disposition fraternelle de ses connaissances, de ses découvertes.
s : C’est risqué comme idée. Et le vandalisme, les dégradations... ?
a : Il faut faire confiance au citoyen, c’est ça la démocratie ! Si on ne donne pas aux citoyens le moyen de montrer qu’ils sont responsables comment pourront-ils l’être ? Il faut un peu de culot, c’est tout. Mais je ne vois pas pourquoi les habitants iraient dégrader cette bibliothèque qui leur appartiendra.
s : Je me vois bien avec mon copain échanger librement, manifester sur la place, discuter sur les fauteuils du coin bibliothèque, jouer au foot sur la vaste pelouse ou autour du panier de basket végétal, patauger dans la fontaine ou, plus risqué... faire du skate sur les marches de la place !

Ballet urbain

a : J’ai lu un article dans le Herald Tribune qui présente un projet urbain sur Union square à New York. C’est le résultat de la collaboration entre un architecte et un chorégraphe. Ils ont aménagé une place en imaginant que les personnes qui la traverseront formeront comme un ballet. L’aménagement de la place, avec ses obstacles (bancs, candélabres, kiosques), changeait le comportement des foules, qui savaient instinctivement l’employer. Chaque personne, par ses déplacements, amplifiait cette vaste chorégraphie urbaine et contribuait à la magie du lieu (« locus luci » ?).
s : Nous pourrions reprendre cette idée pour notre parc ! Dessiner un espace avec des obstacles naturels (haies, buissons, arbres, passerelles…) que les promeneurs contourneraient à leur guise... danseurs !
a : ... l’espace public est un espace collectif dans lequel le mouvement de la foule a un rythme, une souplesse qui raconte l’humeur du jour, le temps qu’il fait, la tension des gens, l’ambiance de la ville... imaginons place Saint Melaine... le jour d’une finale... de foot...

Proposer des ambiances

s : A propos d’ambiances, aménager des espaces publics, c’est proposer des lieux quotidiens dans lesquels les habitants aimeront peut-être flâner ou qu’ils parcourront rapidement parce qu’ils s’y sentent mal à l’aise.
a : L’espace a surtout une puissance en lui-même qui bouscule, rejette son créateur... c’est Pinocchio !
s : On peut néanmoins imaginer les personnes qui traverseront nos espaces républicains.
Par exemple : la place est le lieu du spectacle, de la prise de position, de la confrontation. Le citoyen traverse la place... clac, clac, clac... ses pas retentissent... il danse des claquettes... se révèle... et prend toute sa dimension d’acteur de la cité. Aérée, exposée, la place empêche l’anonymat.
a : ... c’est pas mal, continue.
s : Le parc de la liberté est le lieu du loisir et de la facétie. Il n’y a plus la contrainte de la place où l’on est soumis au regard de l’autre. Le passant joue, détourne les obstacles à sa guise, traverse la pelouse sans faire de bruit... on applaudit...
Quant à la bibliothèque de la fraternité, elle constitue un coin plus calme, propice au partage et à la rencontre. Les habitants peuvent créer des liens entre eux, loin du tumulte de la ville et de la place républicaine.

Oser les couleurs de la rue

s : Et si on continuait avec les couleurs. Elles parviennent souvent à créer des ambiances, à influer sur nos humeurs...

a : La couleur dans l’espace public, c’est presque provoquer une révolution. Le rouge, le jaune, le bleu, toutes ces couleurs criardes « font HLM ». Un directeur d’HLM te dirait « Mettez-moi du beige ou du blanc pour faire « résidences privées ». On est proche du lys royal... Avec de tels préjugés... faut-il porter des cravates pour exister ?
s : C’est vrai qu’il ne faudrait pas stigmatiser les résidences HLM. Ces logements véhiculent déjà une image négative, n’en rajoutons pas.
a : L’art populaire lance les idées, la mode exploite... Et si c’était aux résidences privées de prendre exemple sur les résidences HLM plutôt que l’inverse ? Surtout qu’en Europe (Italie, Espagne, pays du Nord et de l’Est) et dans le monde (Canada, Inde...) les habitations sont souvent plus colorées qu’en France. Osons la couleur !
s : Essayons alors de voir si on peut mettre de la couleur sur nos place, parc, bibliothèque :
On qualifie souvent la couleur rouge d’agressive ; de même qu’un blanc éclatant peut être aveuglant. Ces deux couleurs ont en tout cas la faculté d’apporter un dynamisme, une envie d’agir et de réagir qui s’accommodent bien avec une place destinée à la parole publique, à l’échange et à la confrontation d’idées entre les citoyens (le rouge est la couleur du rideau de théâtre !)
Le bleu et le vert sont les couleurs de la nature, le blanc, symbole traditionnel de pureté, évoque un espace dépouillé de tout conflit. Pourquoi ne pas aménager en espace vert, avec des touches blanches et bleues, ce lieu de détente, de liberté et de loisir, loin des contraintes de la vie civile ? Ces couleurs claires donnent spontanément envie de s’ouvrir aux autres et constituent un support naturel à notre espace de liberté.
a : Ne tombe pas dans la dictature des espaces verts. Les habitants comme les élus ne jurent plus que par eux. Comme si seuls les espaces verts avec leurs arbres, leurs pelouses et leurs fleurs, étaient capables de rendre l’urbanité agréable. Ça me rappelle la phrase de Roger Vaillant : « Une des idées les plus fausses de l’urbanisme moderne : les « espaces verts ». Un arbre ne prend sa valeur que dans l’isolement, un gazon que dans un cadre de pierre. Le luxe, la beauté des patios, c’est que le végétal est toujours encadré, mis en écrin. »
Créons des espaces bleus, jaunes, rouges, gris ! La ville est multi facettes, qu’elle soit multicolore ! Les façades colorées ou travaillées, les rues étroites et ombragées, les terrasses, les perspectives, le mobilier urbain contribuent autant à l’esthétique de la ville que les espaces végétalisés.
s : Alors, continuons avec les couleurs de notre bibliothèque :
Les bibliothèques, les endroits intimes d’un appartement sont souvent aménagés dans des couleurs chaudes et assez foncées (mauves, bruns...) propices au repli sur soi et au calme, créant ainsi un univers d’intimité où il fait bon se retirer et « recharger ses batteries ».
a : Et les couleurs du drapeau français : le rouge, symbole de la révolution, le blanc de la monarchie, le bleu, des nuages, de la poésie et du ciel, mais c’est surtout la couleur préférée des français. Allez les Bleus !
... N’oublions pas que la couleur se joue aussi de l’ombre et de la lumière.
s : Alors, créer pour la place, un espace lumineux et éclatant, comme la voix d’un acteur éclate sur scène, comme les feux de la rampe...
Le parc, quant à lui, est un espace dans lequel le soleil joue à cache-cache avec les feuilles, faisant alterner l’ombre et la lumière, comme un clin d’œil complice gorgé de soleil. Il peut être un second plan, un décor de fond de scène.
La bibliothèque, elle pourrait être un endroit frais et ombragé, loin du rythme de la ville en mouvement.
... mais attention, une des caractéristiques du passant dans la rue est qu’il circule souvent comme un somnambule et qu’il faut un incident, un appel, une sollicitation pour le sortir de sa torpeur. Notre cocarde sera-t-elle suffisante ?
a : Les ambiances, les couleurs, on commence déjà bien à imaginer ces espaces républicains. Que reste-t-il ?
s : Les formes !

Mettons-y les formes

a : Peut-on coller une étiquette symbolique sur une forme ? L’espace public a-t-il une forme ? C’est un jeu dangereux... mais pourquoi ne pas oser...
s : Des formes symétriques (cercles fermés, lignes droites, angles…), nettes et affirmées pour un espace sérieux, de confrontation, parfois dur. Par leur fort caractère, ces formes provoquent la critique, la réaction, comme le ferait un discours politique.
De la souplesse et de la rondeur pour un espace de liberté : on lâche du lest, c’est la liberté, l’absence de contrainte, on arrondit les angles des idées et des allées. L’œil glisse sur les formes du parc comme la liberté du citoyen lui permet de glisser sur les conventions. Aucune aspérité ne vient perturber sa ballade.
Du confort, de l’épaisseur moelleuse dans lesquels s’enfoncer pour un espace de sérénité. Ainsi bien installés et en confiance, les habitants osent enfin croiser le regard de leur voisin et instaurer le dialogue. A partir de là, le promeneur pourra partager sa lecture avec son voisin et initier un rapport de fraternité.
a : Si tu l’dis.

a : Voilà, on le tient notre espace républicain ! Son dessin, ses couleurs, ses formes, tout est pensé pour le citoyen. Désormais, c’est lui qui décidera de l’utilisation de la place, du parc et qui lui donnera sa dimension démocratique. La liberté, l’égalité et la fraternité seront-elles au rendez-vous ? d’ici quelques années, nous aurons la réponse...

20 juillet 2006

1ère partie du livre : la ville et ses espaces

Voici la première partie de ce que JF Champeaux appelle un peu pompeusement "notre livre" :

Redécouverte de l’espace public

la stagiaire : Dans tous les livres que j’ai lus sur la question, les auteurs disent que depuis une dizaine d’années, c’est le grand retour de l’espace public dans les villes. On le voit à Lyon, Nantes, Tours, Bordeaux : on chouchoute les centres-villes, on limite la circulation automobile, on redonne de la place aux piétons, on amène le plus possible des arbres et de la verdure, on réaménage les berges des fleuves... Tout est fait pour inciter le citadin à sortir de chez lui et à redécouvrir les attraits de la ville.
l’architecte : C’est un virage qui signe la volonté de tourner le dos à la société capitaliste du tout privé, tout individuel, pour redécouvrir que la ville est un espace d’échanges, constituée de lieux qui appartiennent à tous, une vaste coopérative...

s : Une ville, c’est des pleins et des vides, des espaces bâtis et des espaces non bâtis. Les vides comme les rues, les places, sont des points de repère dans une ville. Aujourd’hui, de nombreuses villes mettent autant de soin à créer des vides que des bâtiments. Ce ne sont plus des espaces résiduels ou déstructurants mais des éléments essentiels, constitutifs d’une ville.
C’est à partir de ces espaces vides que l’on construit les immeubles, les maisons : ils s’implantent par rapport à la rue, au parc, soulignent une perspective, s’alignent ou non, peuvent lui tourner le dos...
a : Oui. Et c’est pour cela que, dans le cadre de l’aménagement de l’espace Saint Melaine, je soutiens que les choses n’ont pas été faites dans l’ordre. On connaissait le dessin du bâtiment municipal et des immeubles ainsi que leur implantation, avant même de connaître l’espace qui les justifie : la place centrale. Cet aménagement conditionnerait, en principe, l’architecture de la future mairie, pas l’inverse. Mais non. Dans la ZAC secteur Saint Melaine, l’espace public vient après. Vous voulez faire un espace républicain ? Une place ronde ? Etes-vous sûr que ça va aller avec le bâtiment ? Tant pis... Est-ce qu’une place ronde aurait amené le lauréat du concours de la mairie à faire un bâtiment carré ... par contradiction ou équilibre ?
s : C’est vrai qu’on ne peut pas parachuter un immeuble à l’architecture aussi belle soit-elle, dans n’importe quel lieu ou non lieu. En pleine campagne, on n’ira pas construire une tour, de même qu’en ville un chalet.
a : Pourquoi pas ? La ville c’est aussi la diversité architecturale.
s : D’accord, mais je pense quand même qu’une ville comme Chantepie n’accueillera pas des gratte-ciel comme Lyon ou Paris. Comme si l’audace architecturale se mesurait à la taille de la ville. Le cadre, le lieu a donc bien une influence sur l’architecture du bâti.
a : Nous reparlerons de tours plus tard, mais pourquoi pas à Chantepie ? Surtout qu’à Chantepie, on a l’ambition d’être le plus beau quartier d’une métropole ; alors une tour, pourquoi pas ?
s : Pour en revenir à nos moutons, l’espace public doit primer en ville parce que c’est lui qui crée la ville. Au Moyen Age, les premières villes sont nées du commerce, du troc et de l’échange entre les hommes. C’est le commerce qui a nécessité les premières places pour le marché, les carrefours routiers pour le transit de marchandises... D’ailleurs, les premières places de marché étaient réduites pour permettre la diffusion de l’information par le bouche à oreille.
a : Le premier espace public démocratique était surtout l’Agora grecque, le lieu de la parole publique. Le droit à la parole, c’est la liberté.
L’espace public est le lieu où tous les hommes peuvent s’exprimer, le seul endroit où la parole est libre et dans lequel tout le monde est à égalité. C’est le seul lieu qui permet la confrontation des inégalités sociales et qui affirme qu’elle doit être débattue.
s : Par conséquent, il doit être le plus neutre possible. L’anonymat des lieux rejaillit sur les personnes, permettant le respect des individus et de leur originalité.

Densité du bâti et espaces libres

s : Au fait, on voit bien que l’espace public est indispensable dans nos villes, mais comment faire pour le conserver ?
a : Il n’y a pas beaucoup de solutions : il faut admettre de construire en hauteur pour libérer de l’espace au sol, il a trop de valeur.
s : Vous voulez refaire les tours des années 1960, laides, tristes, délabrées, celles qu’on appelle des cages à lapins ? Je ne suis pas sûre que vous rencontriez beaucoup de succès auprès des promoteurs, des élus ou du citoyen...
a : Pourquoi tout le monde se braque dès qu’on parle de tour ? Sont-elles vraiment si critiquables que ça ? On met sur le dos des tours les causes de tous les problèmes sociaux des quartiers en difficultés. Est-ce que les problèmes ne viennent pas plutôt de la trop grande concentration de population précaire ? d’un urbanisme monofonctionnel qui ne prévoit ni équipement ni commerce de proximité de qualité ? d’une carence paysagère et en espaces publics qui remplace les espaces verts par des parkings à perte de vue ou qui crée d’immenses espaces verts non entretenus et délaissés ? de la priorité donnée aux voitures sur les piétons, faisant ainsi disparaître la convivialité des petites rues et des places ?...
s : En gros, il faut faire comme avant les années 1960 ? des cités jardins ?
a : Non ! Mais dans le monde, les tours s’élèvent sans nous demander notre avis.
Pour moi, une tour peut se concevoir comme un village : elle a des halls qui accueillent comme une place, des circulations qui rappellent les rues, on discute avec son voisin sur le toit de l’immeuble, espace grand luxe où l’on respire et profite de l’immense paysage, où l’on vient fumer sa cigarette ou jouer sur cette terrasse paysagée.
s : Pendant que nous y sommes, la tour pourrait accueillir tous les services : pressing, secrétariat, shopping, courses, garderie...
a : En Finlande, il y a bien un sauna dans le hall et une laverie... Vive la copropriété de demain ! 

Recherche de la dimension symbolique de l’espace public

s : Créer un espace public, c’est offrir un espace aux habitants. L’aménager, c’est lui faire raconter une histoire ; c’est proposer aux habitants de découvrir un récit au gré d’une rue, d’une façade ou d’une place.
a
: Un espace public, c’est surtout le lieu de la parole publique. Sous l’Antiquité, qu’elle soit grecque ou romaine, c’était là que se décidait la vie de la Cité. Nous vivons dans une république et sous un régime démocratique : nous allons replacer le citoyen au cœur de l’aménagement de la ville comme il est au cœur des institutions !
s : Le citoyen est acteur de la vie publique. C’est lui qui détient la souveraineté nationale et qui influe, par son vote et sa parole publique sur la vie de la Cité. C’est dans la rue qu’il descend pour donner son opinion. La rue est au citoyen et cette prise de conscience est un véritable bulletin de vote, disait en substance l’Académie nationale des arts de la rue à son premier congrès en 1978.
a : C’est pourquoi un espace public est intrinsèquement un espace républicain et révolutionnaire. En France, la révolution fait partie de notre patrimoine. Notre fête nationale commémore un événement révolutionnaire et elle est populaire ! Il faut voir l’engouement suscité dans toutes les villes pour le 14 juillet : on ose les couleurs dans le ciel, on danse sur la place publique avec les pompiers, on sort les buvettes et les stands des bonnes œuvres... C’est LA fête franchouillard qui attire les familles avec les enfants et les vieilles tantes. Vive la république ! ... c’est ça notre place Saint Melaine.
s : Indépendamment de cet aspect révolutionnaire, l’espace public est aussi par essence un espace urbain : ce sont les villes qui ont mené les grandes révoltes parce qu’elles offraient les espaces d’expression nécessaires. Le paysan ne manifestera pas dans son champ, il ira à la ville.
a : C’est donc le citoyen qui fait la vie publique, comme un acteur fait le spectacle. L’aménagement de l’espace Saint Melaine va alors reprendre tous les codes du théâtre populaire : une scène, des personnages, une mise en scène... et en hommage à nos classiques, respections les unités de temps, de lieu et d’action.
s : La devise de la République est Liberté, Egalité, Fraternité : comment traduire ces valeurs ? Un espace républicain peut-il se décliner sur le mode du théâtre ?
a : Question piège... je plonge à Saint Melaine... j’imagine...

               Libertéun parc dessiné par les promeneurs au fil des passages. C’est l’unité de temps
               
Egalité une scène sur laquelle tous les citoyens sont acteurs. C’est l’unité de lieu.
               
Fraternité
échange, débat et partage autour d’une bibliothèque libre en plein air. C’est l’unité d’action.
s : J’ai trouvé une citation d’André Guillois, auteur humoristique, qui correspond bien à ce qu’on veut dire : « Dans la plupart des pays, les citoyens possèdent la liberté de parole. Mais dans une démocratie, ils possèdent la liberté après avoir parlé. »
a
: C’est vraiment ça. On nous rebat les oreilles des valeurs de la République, mais a-t-on le courage de les appliquer réellement ? Sommes-nous vraiment libres et égaux ? Il faut oser appliquer les principes républicains ! Ce n’est pas facile mais la démocratie nous y contraints. J’espère que l’espace public de Saint Melaine permettra aux hommes d’être égaux et d’exprimer leur liberté et la fraternité.
... Un espace public ne doit pas seulement être beau. Il a un statut officiel, une fonction noble qui doit être respectée : il appartient à tous les hommes en commun. Cette valeur doit primer dans le dessin d’un espace public ; ce n’est pas son esthétique.
s
: D’accord. Mais, il ne faut pas brusquer les gens. J’ai discuté avec les cantepiens : ce qu’ils préfèrent dans l’aménagement d’un espace public, c’est sa beauté (les fleurs, les arbres...). En même temps, ils admettaient qu’une œuvre d’art, donc quelque chose qui peut déstabiliser et qui n’est pas esthétique au premier abord, ne les dérangerait pas...

Rôle du symbole

s : Ce serait une bonne idée de rendre sa symbolique à l’espace public ! En France, on a trop tendance à oublier les valeurs républicaines. En somme, en sensibilisant le promeneur qui traverse l’espace Saint Melaine à la liberté, à l’égalité et à la fraternité ou en tout cas en lui rappelant ces valeurs, l’espace public aurait un rôle un peu éducatif.
a : Stop ! Attention à ne pas se placer dans une position pédante qui consisterait à dire que nous savons tout et qu’il faut l’enseigner au citoyen qui ne sait rien. L’élu, et surtout l’architecte, ne sont pas supérieurs au citoyen et leur rôle n’est pas d’enseigner la bonne conduite ou de dire ce qu’il convient de faire.
En revanche, on peut raconter une histoire, comme une grand-mère qui lit un conte à ses petits-enfants. Raconter, c’est aussi témoigner et attendre une réponse. Mais comment le dire sans être doctrinal, pédant ou moralisateur ?
...Le concepteur de l’espace public est-il un dictateur, un laxiste lénifiant ou un professeur doctrinant ? (dure réalité d’un métier !)
s 
: D’accord sur le symbole, mais concrètement que faisons-nous ?

Ca vous a plu... la suite arrive bientôt...

17 juillet 2006

On n'arrête pas

Oui, ça fait un moment que je ne suis pas venue donner des nouvelles de l'avancement de nos réflexions sur l'aménagement républicain, mais me voici de retour avec un texte de choix : un extrait de ce qui sera peut-être l'introduction du livre que JF Champeaux veut éditer pour présenter l'aménagement de notre espace et toute la réflexion sur l'espace public qui nous y a amenés.

A vos commentaires...

"Chantepie a vu sa population tripler en vingt ans et son urbanisation s’étendre. En 2002, la municipalité décide alors de déplacer le centre-ville pour le recentrer : on prévoit la création d’une nouvelle mairie, avec sa place de la mairie, un centre culturel, des logements, des commerces... C’est presque une ville nouvelle qui va être créée à l’espace Saint Melaine. Du neuf sur l’ancien parc de Brault qui, un jour a accueilli une abbaye. Ce prétexte nous a conduit, M. Champeaux et moi, à réfléchir à l’espace public : a-t-il un sens, des fonctions, une symbolique ? Dans la réalisation de la Zone d’Aménagement Concerté, cadre juridique de l’aménagement de l’espace Saint Melaine, la réflexion sur les constructions a été menée avant celle sur l’espace public. Le bâtiment municipal et les logements sont déjà dessinés qu’on ne sait pas comment va être aménagé l’espace. Est-ce que les bâtiments ne doivent pas être conçus après qu’on sache comment sera le quartier, les rues, les espaces ? Nous habitons dans une démocratie, une République, et on nous parle sans cesse de citoyenneté, de droits et de devoirs, d’égalité des chances, de liberté d’expression... Mais de quoi le citoyen a-t-il besoin ? veut-il participer à la vie de la cité ? l’espace public lui permet-il d’être ce citoyen qu’on nous demande d’être ? Nous devons aménager des espaces publics dont une place de la mairie. Aurons-nous le culot de dessiner des espaces publics symboliques ? peut-on donner des formes aux notions républicaines de liberté, égalité, fraternité ? les matériaux doivent-ils écrire ou servir une histoire qui n’est pas encore racontée ?"

La suite arrive dès demain.

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20 juin 2006

Emouvoir, déranger, toucher, se frotter... la forme, comme fond d'un espace dédié au public

Les formes d’un bâtiment, d’un espace ou d’un objet sont capables de susciter de nombreuses émotions et réactions. Elles font appel à notre sens tactile autant qu’à notre vue et permettent de changer le caractère d’un lieu. Jouer sur les formes d’un espace public, c’est avoir la faculté de provoquer le
passant,
de le déranger ou de le mettre à l’aise.

Des formes symétriques, nettes et affirmées pour un espace sérieux , de confrontation, parfois dur. Par leur fort caractère (cercles fermés, lignes droites, angles...), ces formes provoquent la critique, la réaction, comme le ferait un discours politique.
De la souplesse et de la
rondeur pour un espace de liberté : on lâche du lest, c’est la liberté, l’absence de contrainte, on arrondit les angles des idées et des allées. L’œil glisse sur les formes du parc comme la liberté du citoyen lui permet de glisser sur les conventions. Aucune aspérité ne vient perturber sa ballade
.
Du confort, de l’épaisseur moelleuse dans lesquels s’enfoncer pour un espace de fraternité. Ainsi bien installés et en confiance, les habitants osent enfin croiser le regard de leur voisin et instaurer le dialogue. A partir de là, le promeneur pourra partager sa lecture avec son voisin et initier un rapport de fraternité.

Adapter la physionomie urbaine aux souhaits, aux attentes et aux besoins de l'homme.

20 juin 2006

Espaces de vie-espaces colorés : faire descendre les couleurs dans la rue

Depuis longtemps on connaît l'influence des couleurs sur l'état d'esprit des personnes, et leur utilisation dans la décoration d'intérieurs est aujourd'hui courante. De même, qu'est-ce qui fait qu'on aime flâner dans telle rue ou que la vue d'un parc nous paraît reposante ? Et si la couleur était l'ingrédient qui permet de créer des espaces agréables à vivre !

Rouge et blanc éclatant pour dynamiser un espace
On qualifie souvent la couleur rouge d’agressive ; de même qu’un blanc éclatant peut être aveuglant. Ces deux couleurs ont en tout cas la faculté d’apporter un dynamisme, une envie d’agir et de réagir qui s’accommodent bien avec une place destinée à la parole publique et à l’échange entre les citoyens (le rouge est d’ailleurs la couleur du rideau de théâtre !)
La place, un espace lumineux et éclatant, comme la voix d’un acteur sur une scène de théâtre.

Bleu, vert et blanc pour apaiser les sens
Le bleu et le vert  sont les couleurs que l'on retrouve dans la nature et dont on
connaît le pouvoir reposant pour les yeux et l'esprit. De même, le blanc, symbole traditionnel de pureté, évoque un espace dépouillé de tout conflit, de toute
agressivité et invite au calme. Il est donc judicieux de vouloir aménager en
espace vert un lieu de détente, de liberté et
de loisir, loin des contraintes de la
vie civile. Quant aux couleurs blanche et bleue, elles pourraient venir des espèces
végétales. Ces couleurs claires donnent spontanément envie de s’ouvrir aux autres
et constituent un support naturel à
notre espace de liberté.
Le parc, un espace dans lequel le soleil joue à cache-cache avec les feuilles,
faisant alterner l’ombre et la lumière, comme un clin d’œil de soleil complice.

Mauve et marron pour apporter de la chaleur et de l’intimité

Les bibliothèques, les endroits intimes d’un appartement sont souvent aménagés
avec des couleurs chaudes et assez foncées propices au repli sur soi et au calme,
créant ainsi un univers d’intimité où il fait bon se retirer et « recharger ses batteries ».
Pour créer notre espace bibliothèque, espace calme de rencontre et de partage
entre les habitants, cette famille de couleur qui va du mauve aux bruns semble toute
appropriée.
La bibliothèque, un espace frais et ombragé, loin du rythme agressif de la ville.

14 juin 2006

La devise républicaine en aménagement urbain

Liberté : des chemins librement tracés. La fin des chemins obligatoires et des pelouses interdites !

Liberté d'aller et venir  : le promeneur, citoyen libre, va où il décide d'aller, prend le chemin qu'il aura choisi. Il contourne l'obstacle ou le franchit. Il prend le chemin ou traverse la pelouse.

André Guillois (auteur humoriste) a dit : "Dans la plupart des pays, les citoyens possèdent la liberté de parole. Mais dans une démocratie, ils possèdent la liberté après avoir parlé."

Egalité : une place ronde. Mise en scène de la société civile.

Le cercle : forme communautaire, égalité par rapport au centre, espace initiatique...
La scène : citoyen acteur, spectacle de la vie civile, estrade, esplanade, prendre position, haranguer, participer, agir, s'exprimer...
La cocarde : symbole républicain qui rassemble tout le monde (au centre, un bassin d'eau fait de mosaïque bleue, autour, un revêtement blanc, puis un cercle de couleur chaude (du bois exotique rouge par exemple)

Fraternité : bibliothèque libre, espace multifonctions.

Une démocratie implique la confiance dans le jugement des citoyens. Rendons-leur cette confiance !

Une bibliothèque en plein air, en libre accès et approvisionnée par les habitants, pour permettre à tous de faire l'expérience du partage, du respect, de la responsabilité, de l'échange...

Un espace propice aux activités de chacun : des fauteuils pour se détendre, une place pour manifester, un panier de basket végétal, des gradins pour les skates, un haie en guise de filet...

13 juin 2006

Petits logements, grands espaces publics ?

En voyant que les appartements que l'on construit aujourd'hui sont de plus en plus petits et que toutes les villes chouchoutent leurs espaces publics, je me demande s'il n'y a pas un lien entre les deux.
A côté de ça, c'est la grande mode de la résidentialisation. Est-ce qu'elle n'a pas pour but d'offrir des sas aux habitants qui étouffent dans leurs appartements trop étroits ?

Est-ce que l'espace public peut rattraper la carence en espace privé ? Mais, ont-ils la même fonction et, conséquemment, peuvent-ils répondre aux mêmes besoins ?

13 juin 2006

Changer d’ambiance, de récit pour permettre aux habitants de changer de comportement.

DES ESPACES OFFERTS AU PUBLIC

La place républicaine, est le lieu du spectacle, de la prise de position, de la confrontation. C’est ici que le citoyen prend toute sa dimension d’acteur de la cité. Aérée, exposée, son revêtement faisant claquer les talons, la place empêche l’anonymat. La spontanéité peut s’en trouver brimée mais cette place offre à chacun la possibilité d’exprimer sa liberté. Le propos est sérieux : c’est le cadre de la discussion politique.

Le parc de la liberté est le lieu du loisir, de la détente, de la facétie : on se cache, on saute, on contourne les obstacles. Il n’y a plus la contrainte de la place on l’on est soumis au regard de l’autre. Ici, on est libre de marcher où bon nous semble, de jouer et détourner les obstacles à sa guise, d’évoluer sur la pelouse sans faire de bruit. C’est un parc récréatif.

La bibliothèque de la fraternité constitue un coin plus calme, propice au partage et à la rencontre. Il offre aux habitants la possibilité de créer des liens entre eux, loin du tumulte de la ville et de la place républicaine. Parce qu’il constitue un endroit agréable et respectable, ce n’est pas là que le citoyen ira pour faire le spectacle.

Et si la liberté n’était pas plutôt de détourner les fonctions attribuées aux espaces ?

Faire la « foire », le spectacle dans le coin bibliothèque et délaisser cette place qui, tout compte fait, nous expose vraiment trop et, par conséquence, nous prive de la liberté que procure l’anonymat.

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Espace public républicain - Champeaux, architecte
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