Redonner aux gens le goût de sortir
Parc d'Eole à Brest Jardin des senteurs
à Mulhouse
Pour qu’un espace puisse véritablement devenir un espace public, encore faut-il qu’il soit attirant, qu’il donne envie de sortir de chez soi et de quitter ses tentations individualistes. Il faut redonner aux gens le goût de vivre dehors.
Pour cela, l’architecte-paysagiste devra avoir à cœur de rendre l’espace public agréable et beau, capable de susciter le plaisir, le bonheur. C’est pour cela que le traitement envisagé du parc de Saint Melaine a un parti pris romantique : rendre la promenade agréable le long des chemins souples, l’ombre des arbres, offrant la possibilité de se délasser sur de vastes pelouses…
Les habitants de Chantepie que j’ai pu interroger m’ont d’ailleurs affirmé qu’ils voulaient d’abord qu’un espace public soit joli, agréable à l’œil et à l’utilisation. Ce qui explique leur goût pour les fleurs, les étendues de pelouse, les belles fontaines, les endroits où s’asseoir…
Un espace public est réussi quand les habitants se l’ont approprié. L’aménagement doit les y inviter. Il peut y arriver, par exemple, en jouant sur les sens : la vue, avec les couleurs du mobilier ou de la végétation, mais aussi l’ouïe, avec le bruit de l’eau qui coule d’une fontaine, ou un fond sonore, le toucher de certaines matières, l’odeur des variétés végétales…
A Brest, un parc a été créé en 1990 ; il était dédié au vent. Il s’agissait de l’exorciser, le magnifier, le maîtriser. Le paysagiste a imaginé des espaces qui font vivre le vent à l’ouïe, à l’odorat et au toucher. Un saule blanc a été choisi comme arbre principal pour la mobilité de son feuillage, sa couleur et le bruit caractéristique de ses feuilles.
La ville de Mulhouse a, quant à elle, offert à ses habitants aveugles et malvoyants un « jardin des senteurs » (Le Moniteur des villes, n°8 – octobre 1991)